Gharraa (Egypte)

Gharraa Mehanna (Egypte)Etre Francophone avant même d'apprendre la langue française…

Gharraa Mehanna (Egypte)Mon histoire est celle d'une francophilie, d'un Amour Bilingue¹, d'une enfant de 4 ou 5 ans séduite par la langue française avant même d'apprendre à lire et à écrire. Ecoutant ma mère et ma sœur aînée s'exprimant en français, j'ai été séduite par le charme et la musicalité de cette langue. J'essayais de parler le français comme elles, en ajoutant la syllabe à la fin de chaque mot arabe croyant ainsi parler le français… Cette syllabe, composée de la consonne r et de la voyelle é, était pour moi très fréquente dans les mots français que j'entendais sans comprendre.

Plus tard, à l'école, j'ai appris cette langue et je mêlais dans un même discours mes deux langues : les images de l'une et les mots de l'autre. Cette enfant séduite par la langue française, francophile avant d'être francophone, a choisi de l'enseigner, d'abord à des enfants (mon jeu d'enfance préféré étant celui de l'institutrice) et ensuite à mes étudiants à l'université.

Egyptienne bilingue et biculturelle, j'habite un pays, l'Egypte, et une langue m'habite et me séduit, le français.

Gharraa Mahanna
Présidente de la Commission du monde arabe de la Fédération internationale des professeurs de français

¹ Titre de l'œuvre de l'écrivain marocain Abdel Kabir EL Khatibi


Etre francophone, c'est...

C'est se maquiller avec Dior ou Guerlain
Et se parfumer d'Hermès ou de Lanvin.

C'est acheter Al Ahram Hebdo (1)
Chaque mercredi matin.

C'est envoyer son enfant au lycée
Pour apprendre le français.

C'est manger au Carnaval ou Bon appétit
Parce que ça sonne français.

C'est s'arrêter à une émission à la télé
Une chanson ou un film français.

C'est choisir Paris pour voyager
Plutôt qu'ailleurs dans le Monde.

C'est feuilleter de temps en temps
Paris Match, Elle, ou Marie Claire.

Vivre en français n'est pas parler le français,
Ni en français, mais porter le français
Dans son cœur.

(1) Hebdomadaire égyptien en langue française