Ailleurs, capteur, clair de terre et compagnie

C’est dans les salons du Ministère de la Culture, sur la place du Palais Royal à Paris, que nous avons été invités à assister au lancement de la semaine, jeudi dernier à midi précises. L’attente fut longue. Christine Albanel, ministre de la Culture est arrivée avec près d’une heure de retard. Elle était retenue à l’Assemblée Nationale pour le projet de loi contre le piratage des œuvres culturelles sur internet, justement pour « défendre les mots des artistes » nous dira-t-elle en s’excusant à son arrivée. C’est donc finalement l’un de ses conseillers, dont on ignorera le nom, qui « se travestit »  en « Madame la ministre » pour nous lire son discours.
Une pointe d’humour fut de rigueur lorsque cet homme s’est déclaré « heureuse » de nous recevoir pour nous présenter la cuvée 2009 des dix mots ! (Voir le billet "Comme chaque année")

La plupart des parrains de ces dix mots était là. Certains furent excusés, comme le chef Guy Martin dans l’impossibilité de quitter ses fourneaux, heure du déjeuner oblige. Parmi les parrains de cette édition, on compte des artistes, un marin, un cuisinier, des écrivains, des stylistes et des journalistes. Tous nous ont dit un mot de leur mot. Des mots choisis pour « illustrer la capacité de notre langue à dire et à imaginer l’avenir ».   

 

ailleurs, capteur, clair de terre, clic, compatible, désirer, génome, pérenne, transformer, et vision.

 

La parole est aux parrains !

La chanteuse Sapho (poète à ses heures, nous a-t-elle confié) a démarré en déclamant un poème sur la poésie de l’ailleurs et de l’ailleurs dans la poésie.
Le peintre Hervé di Rosa a souhaité, non sans humour, que, dans un avenir proche, nos programmes informatiques, nos prises électriques, et autres machines du futur et de la modernité deviennent davantage compatibles les uns avec les autres. Un souhait qu’il a également adressé aux hommes de cette planète…
Patrick Poivre d’Arvor, en tandem avec Nathalie Garçon, nous a proposé un texte qui semblait dire que sans désir, point d’avenir, et la styliste française d’ajouter pour son compte, que « sans désir, pas de création » !
Péri Cochin n’a pas souhaité s’exprimer sur « son » mot pérenne. Elle a préféré reparler de sa jeunesse libanaise perturbée par le début de la guerre en 1975. Alors que certains de ses amis qui avaient appris l’anglais à l’école étaient envoyés par leurs parents aux Etats-Unis, Péri, écolière d’un établissement francophone est venue se réfugier en France. « Une langue, finalement, c’est aussi un destin », a-t-elle conclu.
Mais l’histoire la plus touchante fut celle de l’Afghan Atik Rahimi, prix Goncourt 2008. Atik nous a régalés d’un conte du Proche Orient, véritable allégorie de sa quête identitaire. Cet homme de « maux » nous a expliqué pourquoi il avait dû chercher ailleurs, loin de son pays meurtri, la clé de son identité, et de sa liberté.


Ces dix mots à première vue peu poétiques, ces dix "mots de demain" à l'aspect rationnel se sont alors révélés à travers le filtre du vécu de leurs parrains. Ils cachent chacun un monde de désirs et de frustrations, des expériences de vie du bout du monde et des sentiments que l’on ne soupçonne pas.

Voilà pour les parrains. Maintenant, à nous ! Les 10 mots 2009 sauront-ils nous inspirer ?