Slam mondial de poésie à Bobigny

 

Ian Keteku, le gagnant, parle au premier plan et à gauche, bras croisées, un des finalistes : le Suédois Oskar Hanska .Samedi dernier, avait lieu la finale de la Coupe du monde de poésie à Bobigny, réunissant des poètes du monde entier autour d’un slam.
Dans une salle d’à peine 100 personnes, l’événement rassemblait surtout des initiés et un public assez masculin.

 

 

Ce soir-là, après une semaine de sélection, quatre des quinze poètes présents s’étaient qualifiés en finale : le poète Malgache Tagman (qui pour l’occasion et à défaut de financement s’était lui-même payé son billet d’avion), le Canadien Ian Keteku, le Suédois Oskar Hanska et la Québécoise Marjolaine Beauchamp.
 
Chaque finaliste avait trois poèmes à dire dans sa langue. Chaque poème ne devant pas dépasser trois minutes. Les textes étaient traduits en anglais et en français et projetés sur un écran géant derrière les slameurs. Une interprète de la langue des signes était également présente sur scène et assurait la traduction en simultané :
 
En pleine traduction!
 
Marjolaine Beauchamp a slamé en français du Québec, avec toutes les expressions qui vont avec. Elle a proposé un premier texte, « Les vieux », qui sonnait comme une chanson de Jacques Brel. Il y avait quelque chose de très nostalgique dans le texte et dans la façon de le dire.
 
Pour son premier slam, Ian Keteku, le Canadien anglophone, avait choisi un thème sur la justice : « Dear justice ». Avec sa voix singulière, il a déclamé un prêche. On avait un peu l’impression d’être dans une église. Son second poème s’intitulait « Ka », avec lequel il a réussi à faire monter l’intrigue. « Ka » est une femme russe, née en 1947, qui a beaucoup connu l’Afrique… « Ka » adore le ballet russe, Ian Keteku chantonne « tata, tata… ». La chute a fonctionné, puisqu’on a finalement compris que « Ka » était une Kalachnikov.
 
Il semble qu’il y a des ressorts dans l’écriture des textes, une sorte de mécanique bien rôdée. Les Anglo-Saxons ont le sens du slam. Justement, c’est le Canadien Ian Keteku qui l’a emporté. L’année dernière, c’était un Américain et ceci pour la troisième fois. Le slam est très développé au Canada et aux États-Unis, depuis les années 90 déjà.
Les amis américains qui m’accompagnaient ne semblaient pas convaincus : les textes ne sont globalement pas très positifs, c’est du « déjà vu » …Pour ma part, je découvrais et j’ai apprécié la force de certains textes…
 
 
Isabelle Martinetti