FLE et littérature : « tissages et apprentissages »

© Marie Berchoud

Vendredi 22 octobre 2010 avait lieu la 46e rencontre de l’ASDIFLE. Actrice active du monde du FLE, l’Association de didactique du français langue étrangère réfléchit sur les théories autour de l’enseignement. Elle a aussi pour vocation de sortir cette discipline de sa tour d’ivoire ! De quoi s’agissait-il ? D’une rencontre autour du FLE et de la littérature : de l’intérêt de pratiquer en classe l’un et l’autre, l’un avec l’autre. Et d’un très beau poème québécois en prime
(voir plus bas)
 
Deux fois par an, l’association organise des rencontres autour d’un thème ancré dans l’actualité du FLE et des langues en général : diversité des métiers du FLE , mais aussi des politiques linguistiques (en Europe, en Afrique), et d’un français langue d’insertion, de scolarisation, maternelle, étrangère ou seconde.
Objectif de ces rencontres : rendre compte des recherches et innovations dans le domaine de la didactique. Et réfléchir à partir d’expériences du terrain de l’enseignement/apprentissage (et non pas le contraire !) En bref : dynamiser un domaine considéré parfois comme un peu trop théorique !
 
C’est l’université de Dijon qui accueillait cette année ces 46e rencontres. Le thème était le suivant : « Littérature et FLE : tissages et apprentissages dans les méthodologies, méthodes et manuels ». Universitaires et pédagogues, voire écrivains ou éditeurs venus de la région, d’Angers, de Varsovie, de Venise, de Louvain en Belgique, de Tirana en Albanie ou de Saint Etienne : les participants ont fait le point sur l’intérêt de la littérature comme support d’apprentissage du français langue étrangère.
La journée, rythmée par les présentations, était agréablement entrecoupée de « pauses conviviales autour des livres ».
 
La littérature est présentée par les participants comme un support dynamique, où l’interculturel est mis à l’honneur. Littérature comparée peut rimer avec diversité culturelle, comme le rappelle Luc Collès de l’université de Louvain. Étudier la différence de traitement des hommes et des femmes dans les textes de littérature (tels qu’ils sont perçus et tels qu’ils se perçoivent) peut être à ce titre très intéressant à aborder en classe !
 
Un moment fort : la diffusion du poème Speak white, déclamé avec rage et émotion par l’écrivaine québécoise Michèle Lalonde en mars 1970. Dramatique et engagée, la parole de la poétesse et, passant, celle des années 70 et son contexte, sont ici invitées ! Speak white, « Parler blanc », c’est parler la langue de domination –  l’anglais dans le Québec d’avant la loi 101 –  la langue des maîtres en général, quel que soit le lieu ou l’époque. Ce poème ne devrait pas laisser indifférent les élèves... Je vous invite à l’écouter ! 

 
La table ronde qui clôt la rencontre fait le point sur la « créativité et la vitalité des textes, des éditeurs, des apprenants. » L’écrivain François Migeot nous y fait part d’un projet né en 2008 au Centre de linguistique appliquée de Besançon : un atelier d’écriture qu’il mène avec des étudiants de FLE du CLA. Avec pour résultat des textes drôles, émouvants, jamais innocents, qui épatent le littéraire. Ode à l’internet, Rêve avec un crustacé dedans, Douloureux livres, Tarti-fête, Naissance au cimetière, Apocalypse pique-nique et d’autres encore sont publiés dans des recueils : Besançon impressions.
 
 
Ces rencontres biannuelles sont filmées puis diffusées sur le site de l’association : http://www.asdifle.org/ Retrouvez y aussi les textes des présentations des rencontres dans Les cahiers de l’ASDIFLE.
 
Et vous, que pensez-vous du rôle de la littérature dans l’apprentissage des langues étrangères ?

 

Marine Bechtel